Python - Chapitre 10
Le gong était comme un coq infatigable, et continua ses assauts depuis minuit jusqu’à l’aube naissante avant de se retirer enfin, à contrecœur, du corps du shou.
Vidé de toute énergie, le shou se traîna hors du lit avec les dernières forces qui lui restaient, avala deux comprimés pour faciliter la digestion, puis s’endormit profondément, blotti contre le gong.
Heureusement, le lendemain était samedi et ils n’avaient pas à travailler. Ils restèrent au lit toute la matinée, sans vouloir se lever.
Vers midi, le téléphone du shou, posé sur la table de nuit, sonna. Il ouvrit les yeux, encore à moitié endormi, et vit que c’était sa mère qui l’appelait.
Il n’avait pas contacté sa mère depuis un certain temps et décrocha avec enthousiasme.
À l’autre bout du fil, sa mère était également enthousiaste. Elle lui annonça : « Mon petit trésor, je suis déjà dans le train pour la ville de S ! Je devrais arriver dans l’après-midi. »
Le shou sursauta et demanda pourquoi elle arrivait si soudainement.
Sa mère expliqua qu’elle voyageait avec un groupe de tourisme pour seniors et qu’ils faisaient une halte de quelques jours à S. Elle en profitait pour venir voir son fils chéri, ainsi que le petit ami de son fils, qu’elle n’avait encore jamais rencontré.
Le shou resta stupide comme un poulet de bois (NT : abasourdi) et répondit mécaniquement « d’accord » avant de raccrocher.
Le gong, allongé à côté de lui, remarqua son front plissé et l’attira naturellement contre lui en demandant : « Qu’est-ce qui ne va pas ? »
Le shou hésita deux secondes, puis dit au gong : « Tu pourrais être mon petit ami ? »
« Ne te méprends pas, je n’ai pas ce genre de sentiments pour toi, je veux juste te demander de jouer ce rôle pendant quelques jours. »
Le gong haussa un sourcil et demanda : « Pourquoi ? »
Le shou soupira et commença à raconter son passé.
Il venait d’un village rural et avait perdu son père très jeune. Sa mère l’avait élevé seule dans des conditions difficiles.
Il était un élève studieux, le premier de son village à entrer dans une université prestigieuse. Après ses études, il était resté travailler dans une grande ville, et sa mère le considérait comme sa fierté.
Le shou dit sérieusement au gong : « Je suis ce qu’on appelle un « homme-phénix ». » (NT: désigne un homme issu d’un milieu rural pauvre qui, grâce à ses études, accède à une vie urbaine aisée)
Le gong hocha la tête pour qu’il continue.
Après l’université, le shou avait fait son coming out à sa mère, lui annonçant qu’il avait un petit ami depuis deux ans. Sa mère s’était évanouie sur-le-champ.
Bien qu’elle n’ait pas activement tenté de l’en empêcher par la suite, cela était resté un obstacle dans le cœur du shou. Lorsqu’il rentrait pour le Nouvel An, il n’osait jamais aborder le sujet de lui-même, et même lors de ses appels téléphoniques, il était toujours sur ses gardes.
Il n’aurait jamais imaginé que sa mère demanderait un jour à rencontrer son petit ami.
Et encore moins qu’à ce moment-là, son ex-petit ami aurait déjà été chassé après une rupture douloureuse.
« Elle n’a jamais vraiment cru en l’amour entre personnes du même sexe. Maintenant qu’elle commence enfin à l’accepter, je ne veux pas la faire s’inquiéter à nouveau. » dit le shou.
Le gong montra qu’il comprenait : « D’accord, mais à une condition. »
Le shou demanda : « Quelle condition ? »
Le gong l’embrassa sur la joue et dit : « Parlons-en quand l'affaire sera réglée. »
Le shou accepta avec enthousiasme.
Il se disait que, de toute façon, son travail et son corps appartenaient déjà au gong. Qu’est-ce qu’il pouvait encore perdre ?
De plus, le shou trouvait que, bien que le gong paraisse débauché, il était en réalité très fiable et ne le tromperait jamais.
L’après-midi, le shou emmena donc son faux petit ami, le gong, à la gare pour accueillir sa mère.
Le shou était plutôt nerveux. En tant qu’enfant honnête, il n’avait jamais menti à sa mère depuis son enfance et ne savait pas s’il parviendrait à lui cacher la vérité cette fois-ci.
Il rappela à plusieurs reprises au gong : « Nous devons toujours avoir l'air aimant. »
« Pas de problème. » répondit le gong.
Traduction: Darkia1030
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