Python - Chapitre 2

 

L’appartement du petit ami chair à canon n’était pas loin d’ici ; le shou décida d’y passer la nuit, tout en profitant de l’occasion pour discuter de son emménagement.

Il alla au supermarché et acheta beaucoup de provisions, comptant préparer le dîner pour attendre le retour de son copain après le travail.
Mais à peine eut-il ouvert la porte de l’appartement qu’il entendit, venant de la chambre, des sons impossibles à décrire.

Les crevettes qu’il tenait dans les bras tombèrent sur le sol ; la casquette verte sur sa tête n’en parut que plus éclatante.

Les gens dans la chambre, ayant entendu le bruit, cessèrent leurs gémissements.
Une voix d’homme, étrangère, demanda : « Tiens, tu en as invité un autre ? Fallait le dire plus tôt. »

Puis quelqu’un sortit précipitamment de la pièce.

Le shou et son copain se retrouvèrent face à face, pétrifiés.
L’autre n’eut même pas le temps d’enfiler des vêtements ; il se tenait nu, et le shou sentit une nausée lui monter à la gorge.

Son petit ami, agacé, se passa une main dans les cheveux et dit : « Ce n’est pas ce que tu crois. Ce n’était qu’un coup d’un soir. Et puis, ça fait si longtemps que tu ne viens plus me voir, il faut bien que je trouve quelqu’un pour mes besoins physiques, non ? »

C’était dit avec une assurance révoltante.

Le shou tremblait de colère. Il inspira profondément, leva la jambe et lui asséna un violent coup de pied entre les jambes.

Le petit ami poussa un cri, se plia en deux, les mains entre les cuisses.

« Je t’ai réglé ton problème ; désormais, tu n’auras plus jamais de besoins ! »

Sur ces mots, le shou tourna les talons et quitta l’appartement.

 

Le shou prit le métro pour rentrer chez lui, puis s’assit seul devant son ordinateur. Il tapa du code tout en essuyant ses larmes.

Il était resté avec son copain pendant quatre ans. Leur relation n’avait peut-être rien de passionné, mais il l’avait sincèrement considéré comme un membre de sa famille.

À présent, il voyait bien qu’il s’était trompé.

Il téléchargea une application de rencontres, chercha le pseudo habituel de son ex, et tomba aussitôt sur une série de photos obscènes.
Le compte avait été créé trois ans plus tôt.

Sa colère remonta d’un coup. Il refoula les larmes qui se formaient dans ses yeux . Il tapa rageusement un commentaire : « Tu baises n’importe comment, et ton membre n’est même pas aussi long que mon iPhone 6. »

 

Le shou resta abattu pendant plus d’une semaine, sans intérêt pour rien.
Il avait cette colère au fond de lui, trop longtemps refoulée, qui demandait à sortir.

Il chercha sur Internet un bar gay connu du centre-ville, et, le vendredi soir, après le travail, prit le métro pour aller y noyer sa peine.

C’était la première fois qu’il mettait les pieds dans un lieu pareil ; il avait toujours trouvé ce genre d’endroits « sales ».

Mais en fin de compte, c’était son copain qui était le plus sale.

‘Puisque le salaud peut se vautrer dans la débauche, moi aussi.’ C’est ainsi que pensa le shou, vêtu de sa chemise à carreaux jaune moutarde.

Il commanda un cocktail au degré d’alcool le plus faible et resta assis au comptoir pendant une demi-heure. Autour de lui, les gens entraient et sortaient, se rencontraient par deux, repartaient ensemble.
Lui seul n’attirait personne.

Il se sentit découragé : même pour un plan d’un soir, il ne trouvait personne. Pas étonnant que son copain se soit lassé de lui.

Pourtant, son visage correspondait aux goûts de bien des gens du milieu gay ; mais son allure était si ringarde qu’on reculait rien qu’en voyant son dos.

Tout autour, les autres petits shous étaient tous apprêtés, séduisants, audacieux.
Par exemple, dans la banquette derrière lui, un jeune garçon se trémoussait contre un grand homme depuis un moment déjà, les fesses ondulant comme mues par un moteur.
Le shou, en les regardant, en avait presque envie de leur payer une chambre.

Quant à l’homme sur qui le petit garçon se frottait, son visage était à moitié caché par la tête de celui-ci, et le shou ne pouvait pas le voir clairement.
Tout ce qu’il distinguait, c’était une chemise blanche, ouverte presque jusqu’à la poitrine, laissant entrevoir une musculature aux lignes fermes et nettes sous la lumière tamisée.

Le shou déglutit sans s’en rendre compte, se disant qu’on pouvait donc porter une chemise de façon aussi provocante. Il se promit d’essayer lui aussi, un jour.

Peut-être son regard était-il trop insistant, car les deux hommes collés l’un à l’autre finirent par se détacher légèrement. Ainsi, le compagnon du type si aguicheur dévoila enfin son visage.

Le shou jeta un coup d’œil : il le trouva plutôt séduisant.

Il regarda une deuxième fois : il lui sembla familier.

Il regarda une troisième fois et pensa : Putain.

Croyant s’être trompé, il le détailla de la tête aux pieds.

À ce moment-là, le gong remarqua à son tour le shou. Il eut un léger temps d’arrêt, puis esquissa un sourire. Il tapa sur les fesses du jeune garçon pour le faire partir, puis prit son verre et s’avança vers le comptoir.

Le shou détourna précipitamment les yeux, feignant de n’avoir rien vu, mais il entendit tout près de son oreille une voix grave et ambiguë lui souffler : « Alors, tu veux me draguer ? »

 

Traduction: Darkia1030

 

 

 

 

 

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