Python - Chapitre 4

 

Le shou n’avait pas préparé grand-chose pour cette deuxième présentation, se fiant surtout à l’éloquence du commercial pour convaincre.

Le shou était assis en silence, tandis que le gong se trouvait à moins de trois mètres de lui, ses doigts aux articulations marquées faisant tourner distraitement un stylo.

C’est avec ces mêmes mains qu’il m’a caressé cette nuit-là, songea le shou, se remémorant les allers-retours sur son membre. Force était de constater que sa technique et sa pression étaient excellentes, comparables à celles du masseur aveugle qu’il fréquentait souvent.

Ses pensées, dans ce contexte professionnel crucial, dévièrent malgré lui vers des images osées, au point qu’il n’entendit même pas le commercial se vanter à outrance. Quand il revint à lui, il croisa justement le regard du gong posé sur lui, qui articula lentement deux mots : « Très bien. »

Une légère chaleur lui monta aux joues.

À la fin de la réunion, les deux parties échangèrent leurs cartes de visite. Alors que le shou s’apprêtait à partir, le gong l’interpella soudain. Le cœur du shou se serra, mais le gong lui tendit simplement une enveloppe brune en disant : « Tu as oublié quelque chose. »

Cette enveloppe ne lui appartenait pas, pourtant il l’accepta. Une fois sorti du bâtiment, il se glissa dans un coin comme un voleur pour l’ouvrir et découvrit un rapport de dépistage des maladies sexuellement transmissibles au nom de Fu Xingwen.

Les examens étaient complets, tous les indicateurs normaux, mais après avoir tout passé en revue, une question lui vint : « Mais en quoi est-ce que ça me concerne, bon sang ? »

Il sortit la carte de visite reçue plus tôt et appela le gong, qui décrocha en une seconde.

« Pourquoi me donner ton rapport de dépistage ? » demanda le shou.

L’homme à l’autre bout du fil répondit posément : « Pour prouver que je suis en bonne santé et que nous pouvons entretenir une relation à long terme. »

Le shou fut stupéfait : « Une relation à long terme ? De quel genre ? »

« Une relation sexuelle. »

Le shou raccrocha brusquement.

Il rentra chez lui, son sac à dos sur les épaules, furieux, en direction de la station de métro. À mi-chemin, toujours en colère, il rappela le gong et lui lança : « Je ne suis pas ce genre de personne ! »

L’homme à l’autre bout rit, d’un ton léger et désinvolte : « Je sais. Ne t’en fais pas, ce n’est qu’un arrangement entre adultes où chacun y trouve son compte. Tu peux y réfléchir. Après tout, je suis un partenaire sexuel plutôt correct : pas de pratiques bizarres au lit, tout au plus des positions un peu difficiles. Bien sûr, si c’est trop pour toi, tu peux me le dire tout de suite. »

Le shou refusa catégoriquement. « Non merci. »

Comme s’il refusait une publicité immobilière.

Les raisons de son refus étaient au nombre de deux.

Premièrement, une relation de partenaire sexuel sans attachement émotionnel lui semblait malsaine.

Deuxièmement, la dernière fois ne l’avait pas vraiment comblé.

L’après-midi, de retour au bureau, le shou remarqua que le commercial avait l’air grave et tira précipitamment le responsable développement dans une salle de réunion vide. Quand ils en ressortirent, leurs visages étaient toujours sombres.

Un frisson parcourut le shou, qui eut soudain un mauvais pressentiment. Toute l’après-midi, il fut distrait, faisant de nombreuses erreurs en compilant son code. À l’approche de la fin de la journée, il serra les dents et envoya finalement un message au gong : « Désolé, Directeur adjoint. J’ai été trop impulsif aujourd’hui. J’espère que tu traiteras ce dossier de manière professionnelle et que tu ne causeras pas de difficultés à notre projet.»

Quelques instants plus tard, il reçut la réponse du gong : « J’ai examiné attentivement votre proposition technique. Je pense qu’il faut encore y réfléchir. »

Le shou s’énerva instantanément : « Tu abuses de ton pouvoir pour me forcer ! »

« Je ne te force pas, je te fais chanter. »

« Tu n’es qu’un directeur adjoint, je vais porter plainte auprès de ton directeur ! »

« Vas-y. Je suis le directeur. Je m’appelle Fu, donc on m’appelle Directeur Fu. »

(NT : Les deux expressions 副总监 (fù zongjiān, directeur adjoint) et 付总监 (Fù zongjiān, directeur Fu) ont la même prononciation bien que s’écrivant différemment, ce qui crée un effet comique)

 

Traduction: Darkia1030

 

 

 

 

 

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