(NT : Vers tiré d'un poème de Xu Hun, de la dynastie Tang (618-907), intitulé « Regard du soir du haut du pavillon de la ville de Xianyang ». Devenu une expression proverbiale en chinois pour décrire un moment de calme précaire qui précède un bouleversement majeur ).
Lorsque Xiao YuAn trouva Xie Chungui dans le manoir Xie, Xie Chungui était agenouillé sur le sol, arrachant les mauvaises herbes à mains nues. Ses yeux étaient injectés de sang, ses cheveux en désordre et ses mains couvertes de plaies à force de gratter la terre rugueuse. Mais il refusa de s’arrêter.
Xiao YuAn prit une profonde inspiration, s’agenouilla à moitié près de Xie Chungui, saisit son poignet et bloqua ses mouvements : « Chungui… »
Les gestes de Xie Chungui s’interrompirent, mais il ne dit rien.
Les yeux de Xiao YuAn se teintèrent légèrement de rouge tandis qu’il murmurait d’une voix douce : « Chungui, revenons, d’accord ? »
Xie Chungui demanda : « Où aller ? Où pourrions-nous retourner ? »
Xiao YuAn répondit : « Nous retournerons au Palais. »
Xie Chungui demanda encore : « Le Palais ? C’est la maison ? »
La gorge de Xiao YuAn se serra soudainement, et aucun son n’en sortit.
Non. Ce n’était pas la maison de Xie Chungui. Même le village de Taoyuan n’était pas sa maison.
Le Royaume du Nord était la maison de Xie Chungui. Cependant, le Royaume du Nord n’existait plus.
Xiao YuAn ne sut que répondre. Xie Chungui arracha une dernière mauvaise herbe, puis se prosterna respectueusement trois fois vers la salle funéraire. La tête toujours baissée, dissimulant son expression, il dit à Xiao YuAn : « Allons… retournons… au Palais. »
Après avoir raccompagné Xie Chungui dans sa chambre et ordonné aux servantes de bien veiller sur lui, Xiao YuAn s’éloigna.
Quand cette journée, si folle, se fut enfin apaisée, Xiao YuAn appela sa servante et marcha lentement vers sa chambre. Le ciel était déjà sombre, le vent sifflait, la neige tombait, et le froid mordait la peau. Xiao YuAn avançait lentement, sentant sa chaleur corporelle s’échapper peu à peu.
Alors qu’il approchait de sa chambre, il s’arrêta soudain et leva les yeux.
Une silhouette se tenait à l’entrée. Cette personne semblait attendre depuis un moment, l’air un peu anxieux. Mais lorsqu’il aperçut Xiao YuAn, ses yeux s’illuminèrent de joie. En quelques pas pressés, il s’approcha, balaya la neige des épaules et de la tête de Xiao YuAn, puis ôta son manteau pour l’envelopper chaudement. La chaleur se diffusa peu à peu dans le corps de Xiao YuAn, réchauffant ses membres engourdis.
Xiao YuAn suffoqua légèrement et murmura : « Yan-ge… »
« Oui, je suis là. » Yan HeQing baissa la tête, effleura doucement la joue et les lèvres de Xiao YuAn d’un baiser. « Es-tu fatigué ? »
Xiao YuAn répondit : « Embrasse-moi, vite. »
Aussitôt, Yan HeQing passa ses bras autour de lui et le serra fermement.
Xiao YuAn s’enfouit dans ses bras, inspira profondément et souffla : « Je ne suis pas fatigué.»
Yan HeQing caressa lentement ses cheveux d’un geste apaisant. Soudain, Xiao YuAn releva la tête et dit : « Yan-ge, sortons du Palais et promenons-nous. Juste toi et moi. »
« Très bien. »
Il était encore tôt, et la Cité Impériale demeurait animée. Les jeunes maîtres et les demoiselles, vêtus de manteaux de fourrure, flânaient dans les rues ; des enfants se poursuivaient dans les ruelles, et les vendeurs criaient à tue-tête.
Yan HeQing et Xiao YuAn marchaient côte à côte. Xiao YuAn, curieux des bibelots exposés sur les étals, désignait de temps à autre quelque chose en s’exclamant : « Yan-ge, regarde ça! » ou « Yan-ge, viens voir ici ! »
Xiao YuAn courut en regardant ces choses. Yan HeQing, qui marchait à quelques pas derrière lui, tendit le bras pour lui prendre la main. Lorsque Xiao YuAn se sentit tiré vers Yan HeQing, il tourna la tête et posa les yeux sur la main de ce dernier, avant de lever le regard jusqu’à son visage. Puis, riant sans retenue, les les yeux arqués, il serra la main de Yan HeQing, entrelaçant leurs doigts.
Soudain, le son d’un suona retentit au loin, jouant un air éclatant de gaieté. Quelques commerçants désœuvrés passèrent la tête hors de leurs échoppes et tendirent le cou pour observer.
Yan HeQing et Xiao YuAn se retirèrent sur le bord de la route et virent un cortège de mariage s’avancer depuis le bout de la rue. Dix li de tissus écarlates flottaient derrière une robe de mariée rouge, rythmés par les roulements de tambours. L’atmosphère était vibrante et pleine de vie.
(NT : « Mille acres de bonne terre, dix li (Environ 5 km) de robe de mariée rouge » : expression pour souligner la richesse d’une dot)
Xiao YuAn rit : « Oh, une famille riche, quelle ostentation ! Hé, regarde, Yan-ge ! Le marié à cheval porte de magnifiques vêtements de noces, ils lui vont vraiment bien. »
Yan HeQing suivit le regard de Xiao YuAn et aperçut la berline nuptiale rouge portée par huit hommes. Devant la chaise à porteurs, l’époux, débordant d’entrain, montait un cheval orné d’un large ruban rouge sur le front. Son visage rayonnait de joie tandis qu’il s’inclinait et remerciait la foule qui acclamait le cortège. Ses habits de mariage, rouges brodés d’or, étaient d’un raffinement remarquable.
Yan HeQing détourna les yeux vers Xiao YuAn, tandis qu’une pensée soudaine germait dans son cœur.
Traducteur: Darkia1030
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