KOD - Chapitre 66 - Meurtre

 

Protection

 

À cet instant précis, face à Jiang Yingrui dont le visage était empli de stupeur, Lin Qiushi comprit enfin le plaisir que procurait son jeu d’acteur à Ruan Nanzhu. Alors qu’il avait été le premier à frapper, il devint à présent un petit chat innocent, tremblant dans les bras de Ruan Nanzhu. S’il pouvait même laisser échapper quelques sanglots, ce serait naturellement parfait. Mais, hélas, Lin Qiushi venait à peine de s’initier au métier d’acteur : son jeu n’était pas encore suffisamment rôdé, et pleurer à la demande n’était pas chose facile.

Cependant, même ainsi, sa prestation était déjà suffisante.

Feng Yongle s’écria avec colère contre Jiang Yingrui : « Espèce de brute, qu’as-tu donc fait à Qiushi ?! »

Le dos encore endolori, Jiang Yingrui, qui venait tout juste de se relever, dut faire face à l’interrogation furieuse de Feng Yongle. Il eut un sourire figé : « Que pouvais-je faire ? C’est elle qui a frappé la première ! »

« Comment pourrait-elle frapper la première ?! » Feng Yongle n’accordait manifestement aucun crédit aux paroles de Jiang Yingrui. Le visage sombre et les sourcils froncés, il le considérait déjà comme un individu abject profitant des faiblesses d’autrui. « Regarde-la donc ! Est-ce qu’elle a l’air d’une personne capable de frapper la première ?! »

Jiang Yingrui jeta un coup d’œil à Lin Qiushi, semblable à un petit lapin apeuré, et tomba dans un silence étrange.

En effet, elle n’en avait pas l’air. Mais cela ne changeait pas la réalité : il s’était bel et bien fait donner un coup de pied par la jeune fille qui se tenait devant lui.

Jiang Yingrui savait qu’il n’avait aucune chance d’être cru, alors il lança un regard furieux à Lin Qiushi avant de tourner les talons et de partir, visiblement très irrité.

Le corps de Lin Qiushi tremblait encore légèrement. À côté, Feng Yongle, en le voyant, crut qu’il avait peur. Mais seul Ruan Nanzhu, qui le tenait dans ses bras, savait qu’il se retenait de rire.

« C’est fini, tout va bien maintenant. » dit Feng Yongle. « Qiushi, n’aie pas peur, cet homme est parti. »

Lin Qiushi hocha la tête pour lui signifier qu’il avait compris.

En voyant ses yeux rougis, Feng Yongle eut un élan de compassion : « N’aie pas peur, nous te protégerons. La prochaine fois, il ne faut plus te laisser seule. Si nous n’avions pas réussi à arriver à temps et qu’il s’était passé quelque chose… »

Ruan Nanzhu pensa intérieurement : Oui, s’il l’avait vraiment tué sur le coup, ce serait devenu bien compliqué à gérer. Mais il se contenta d’acquiescer aux paroles de Feng Yongle, admettant que son propre manque de prudence avait été une erreur.

L’affaire se termina ainsi, Jiang Yingrui ayant essuyé une humiliation silencieuse. Il n’irait probablement pas raconter qu’il s’était fait donner un coup de pied par Lin Qiushi ; et même s’il le faisait, combien de personnes le croiraient ?

Cependant, après cette agitation, Lin Qiushi se souvint soudain de quelque chose. Il sortit son téléphone et tapa : L’infirmière nous a avertis de ne pas sortir après huit heures. Est-ce une règle pour tout le sanatorium ou seulement pour nous ?

Ruan Nanzhu, désormais en parfaite harmonie avec Lin Qiushi, comprit aussitôt en un regard. « Je vais aller demander à un malade. »

Ils se rendirent dans une chambre voisine et interrogèrent un patient dont l’état mental paraissait relativement stable à propos du couvre-feu nocturne.

Le patient, vêtu d’une tenue d’hôpital, n’affichait presque aucune expression. En entendant leur question, il répondit froidement : « Il est naturel de ne pas sortir la nuit. »

« Mais pourquoi ne peut-on pas sortir ? » demanda Feng Yongle. « Depuis quand cette règle existe-t-elle ? »

« Depuis longtemps. » répondit le patient. « Quant à savoir pourquoi, comment le saurais-je ? » Son ton était glacial, et ses doigts s’entortillaient nerveusement. « Peut-être qu’ils doivent faire des choses qu’on ne doit pas voir. »

Lin Qiushi réfléchit à ses paroles.

« Euh… » Feng Yongle voulut poser d’autres questions, mais le patient s’emporta soudain : « Je ne sais pas ! Ne me demandez pas ! Je ne sais rien ! Ne me demandez pas ! » Il hurla en frappant violemment le lit de fer de ses poings, le visage déformé par la rage, comme s’il pouvait à tout moment se jeter sur eux.

En voyant son état, ils comprirent qu’il était inutile d’insister et abandonnèrent.

« Alors, peut-on sortir ou non cette nuit ? » murmura Feng Yongle, un peu dépité. Ils n’avaient toujours pas de réponse certaine. Et ils n’osaient pas tenter le coup : si sortir la nuit était une condition de mort, ils seraient perdus.

Ruan Nanzhu dit : « On le saura après cette nuit. »

« Comment ça ? » demanda Feng Yongle, sans comprendre.

Ruan Nanzhu désigna la pièce où étaient entreposés les cadavres : « Si demain cet endroit est vide, ou s’il y a moins de corps, cela voudra dire qu’ils s’en occupent la nuit. Dans ce cas, nous pourrons probablement aussi sortir. »

Feng Yongle eut l’air de comprendre : « Ah, je vois ! »

« Si rien n’a disparu, alors il nous faudra employer une autre méthode pour trouver le tunnel. » poursuivit Ruan Nanzhu. « Mais les autres méthodes sont bien trop lentes. » Sept jours passeraient très vite, et comme la piste de la clé restait incertaine, il ne fallait pas gaspiller de temps à chercher le tunnel au hasard.

Tout en discutant, ils prirent un déjeuner simple au réfectoire. L’après-midi, ce fut au tour de Feng Yongle de surveiller la salle des cadavres, tandis que Lin Qiushi et Ruan Nanzhu allèrent explorer d’autres zones pour chercher de nouveaux indices.

Ils firent le tour du sanatorium et confirmèrent qu’il n’y avait pas un seul médecin ; seules quelques infirmières erraient dans les couloirs.

En réalité, ces infirmières semblaient dans un état pire que celui des malades : presque toutes avaient le regard vide, et dès qu’on essayait de leur adresser la parole, elles devenaient terrorisées.

« Je ne sais rien. » Comme les autres, celle-ci n’y fit pas exception. Avant même que Ruan Nanzhu ait le temps de parler, l’infirmière s’enfuit. Cette fois, son attitude et son expression irritèrent profondément Ruan Nanzhu ; il attrapa brusquement son bras pour l’empêcher de s’en aller : « Nous n’avons encore rien demandé, pourquoi t’enfuis-tu ? »

L’infirmière, tenue fermement, paraissait terrifiée.

« Ou bien… tu sais déjà ce que nous allions demander ? » Ruan Nanzhu haussa les sourcils.

L’infirmière déglutit bruyamment, le regard fuyant.

Ruan Nanzhu serra davantage sa prise : « Hein ? »

Le visage de l’infirmière se tordit de douleur ; et alors que Lin Qiushi pensait qu’elle ne dirait rien, elle murmura d’une voix basse : « Elle le cherche. »

Ruan Nanzhu demanda : « Quoi ? »

L’infirmière : « Elle le cherche… C’est lui qui l’a tuée. »

Ses paroles étaient très vagues, si bien qu’on ne pouvait en saisir le sens exact.

Mais Ruan Nanzhu sembla comprendre : « Et où est-il ? »

« Je ne sais pas, personne ne le sait… » dit l’infirmière. « Mais il est dans ce sanatorium. » Après avoir dit cela, elle se dégagea brusquement de la main de Ruan Nanzhu et s’enfuit précipitamment.

Murmurant à voix basse, Lin Qiushi s’adressa à Ruan Nanzhu sans écrire. « Ce médecin est dans le sanatorium, mais le lieu est si vaste… »

Ruan Nanzhu secoua la tête, sans répondre, plongé dans ses pensées.

La journée s’acheva ainsi : ils n’avaient trouvé aucune piste supplémentaire sur le médecin. Le mot même de « médecin » semblait tabou dans ce sanatorium ; qu’il s’agisse des malades ou des infirmières, tous réagissaient violemment à son évocation — peur panique ou fuite immédiate.

Feng Yongle avait passé presque toute la journée à surveiller la salle des cadavres. Quand ils se retrouvèrent, ils échangèrent leurs informations.

Feng Yongle dit : « Des gens sont venus plusieurs fois ici, pour apporter d’autres corps. La pièce est presque pleine maintenant… Ils vont devoir faire du nettoyage. »

Ils étaient assis dans la cantine, mangeant tout en discutant.

Ruan Nanzhu raconta leurs déductions à Feng Yongle, qui soupira après l’avoir écouté : «Mais où allons-nous trouver ce médecin ? »

C’était effectivement un problème.

Vers la fin du repas, Ruan Nanzhu prit une petite boule de riz dans son bol, la mit dans un sac en plastique, puis la glissa dans sa poche.

Il fit ce geste très vite, si bien que Feng Yongle ne le remarqua pas. Lin Qiushi, lui, le vit, et posa sur lui un regard interrogateur.

Ruan Nanzhu ne donna pas d’explication, se contentant d’un léger sourire.

Lin Qiushi n’en demanda pas davantage.

Le dîner terminé, ils regagnèrent leur logement. Feng Yongle soupira : « Cette porte est vraiment clémente, cela fait trois jours et personne n’est encore mort… »

« Oui, probablement qu’à la fin du septième jour, il y aura un massacre. » supposa Ruan Nanzhu d’un ton paresseux. « Il n’en restera qu’un pour sortir… Tu penses être celui-là ? »

Feng Yongle eut un sourire amer : « Je n’oserais pas le dire. »

Une chance sur quatorze — échouer signifiait la mort. Qui oserait tenter un tel pari ?

« Continuez à discuter, j’ai quelque chose à faire, je sors un moment. » dit soudain Ruan Nanzhu en se levant et en ouvrant la porte.

Feng Yongle, surpris, demanda : « Tu vas où ? »

Ruan Nanzhu ne répondit pas.

« Où est-ce qu’il va ? » répéta Feng Yongle, complètement perplexe, en regardant Lin Qiushi.

Lin Qiushi leva les mains, indiquant qu’il ne savait pas non plus.

Heureusement, Ruan Nanzhu revint aussi vite qu’il était parti, à peine trois minutes plus tard.

Feng Yongle voulait justement lui demander où il était allé, mais en voyant son expression signifiant clairement « ne pose aucune question », il renonça.

Lin Qiushi était lui aussi curieux. Ruan Nanzhu se pencha vers son oreille et murmura : « Ne sois pas pressé, tu le sauras demain. »

Lin Qiushi : « … » Donc, qu’es-tu allé faire exactement ?

La nuit tomba, et les trois s’allongèrent sur leurs lits respectifs pour dormir.

Le bruit de talons aiguilles résonna à nouveau dans le couloir. Lin Qiushi y était habitué à présent et fit semblant de ne pas entendre. Selon le schéma des deux nuits précédentes, l’infirmière suicidée allait probablement revenir pour se jeter du haut de l’immeuble. Lin Qiushi pensa qu’il espérait simplement que le bruit de sa chute serait un peu plus faible, pour ne pas le réveiller.

C’est sur cette pensée qu’il s’endormit, à moitié conscient.

Bien qu’il se fût préparé à être réveillé, il sursauta quand un cri aigu le tira du sommeil. Il ouvrit les yeux et vit que Feng Yongle, sur le lit voisin, s’était réveillé lui aussi et le regardait avec effroi.

« À l’aide ! À l’aide ! » Cette fois, il n’y eut pas le bruit d’un corps chutant, mais un véritable cri humain, désespéré, quelqu’un courant dans le couloir, poursuivi par quelque chose.

Lin Qiushi reprit aussitôt tous ses esprits, car cette voix lui était familière — c’était celle de Xue Zhiyun, celle qui avait essayé de leur tendre un piège.

« À l’aide !!! » Le hurlement de Xue Zhiyun était d’une terreur indicible, comme si elle était pourchassée par quelque chose d’horriblement effrayant.

« Ah ! Ah ! Ah— » Dans ses cris désespérés, on entendait aussi le son humide d’une lame perçant la chair. Ce bruit semblait venir juste de l’autre côté de leur porte, et il glaçait le sang.

Il y eut encore des bruits de course précipités, puis Xue Zhiyun sembla se faire attraper. Son cri devint de plus en plus faible.

Lin Qiushi et Feng Yongle s’assirent aussitôt sur leurs lits.

La voix de Xue Zhiyun finit par se taire. Lin Qiushi entendit ensuite le bruit lourd d’un corps traîné sur le sol, suivi d’un grand fracas — on venait manifestement de jeter Xue Zhiyun par la fenêtre.

Ils étaient pourtant au cinquième étage : même si elle avait encore été vivante, une chute de cette hauteur lui aurait été fatale.

Lin Qiushi se leva lentement et s’approcha de la fenêtre. À travers la vitre, il vit le corps de Xue Zhiyun.

Elle gisait face contre terre, ses os tordus dans des positions impossibles ; il n’y avait aucun doute, elle était morte. Et juste à côté d’elle se tenait une goule couverte de sang — l’infirmière qui se jetait du bâtiment chaque nuit. Elle affichait à présent un sourire étrange et satisfait, serrant dans sa main un long couteau dont la lame dégoulinait encore de sang frais.

Lin Qiushi recula lentement vers l’intérieur de la pièce.

Dehors, des injures fusèrent, puis à nouveau des cris d’agonie et des bruits de fuite. La nuit, qui aurait dû être silencieuse, résonnait maintenant de hurlements désordonnés.

Lin Qiushi et Feng Yongle n’arrivèrent pas à dormir. Ruan Nanzhu, quant à lui, resta imperturbable : mis à part un bref moment d’éveil au début, il demeura allongé sans bouger, semblant dormir profondément.

Lin Qiushi resta assis sur son lit toute la nuit, jusqu’à ce que la lumière du matin commence à poindre. Il poussa alors un soupir de soulagement.

Feng Yongle, qui avait passé une nuit semblable, se leva lui aussi dès l’aube. Tous deux ouvrirent la porte pour voir ce qui s’était passé à l’extérieur.

À peine la porte ouverte, la scène dans le couloir les stupéfia.

Le sol entier était recouvert de sang, chaque centimètre en était imprégné, et même le plafond en dégoulinait.

Le regard de Lin Qiushi balaya le couloir, et il repéra aussitôt la pièce d’où venait l’incident : c’était celle où logeait Jiang Yingrui.

Soudain, une idée lui traversa l’esprit. Il s’approcha de la porte pour regarder le numéro de la chambre. Les plaques de numérotation étaient particulières ici — de simples cartons imprimés insérés dans de petits cadres transparents. À cause de cela, elles pouvaient être changées facilement.

Mais ce qui étonna Lin Qiushi, c’est que le numéro indiqué n’était pas « 502 », mais un numéro ordinaire du quatrième étage. Ce qui, en y réfléchissant, était logique : Jiang Yingrui avait déjà tenté de modifier le numéro de sa chambre, il devait donc se montrer extrêmement prudent.

Attends… Lin Qiushi remarqua soudain quelque chose.

« Qu’y a-t-il ? » demanda Feng Yongle.

Lin Qiushi secoua la tête et désigna l’intérieur de la chambre.

Feng Yongle dit : « On entre pour voir ? Beurk, il y a du sang partout… » Puis il entra.

Pendant que Feng Yongle pénétrait dans la pièce, Lin Qiushi retira discrètement la plaque du numéro de chambre. Dès qu’il la prit en main, il sentit quelque chose d’étrange : elle était trop épaisse. Il la retourna et aperçut un autre numéro inscrit au dos — « 502 ».

En un instant, Lin Qiushi comprit ce que Ruan Nanzhu avait fait : il avait utilisé des grains de riz pour coller le numéro « 502 » derrière celui de la chambre de Jiang Yingrui.

Lin Qiushi baissa les yeux, arracha calmement le « 502 », essuya avec ses doigts les traces laissées par les grains de riz, remit la plaque d’origine en place, puis glissa discrètement le carton marqué « 502 » dans sa poche.

Feng Yongle n’avait rien remarqué ; il inspectait encore la chambre saturée de sang. Voyant qu’il n’y trouvait rien d’utile, il secoua la tête et sortit en soupirant : « Ils sont probablement tous morts. »

Lin Qiushi écrivit. Je ne sais pas, mais je n’ai vu que le corps de Xue Zhiyun.

L’équipe de Jiang Yingrui comptait trois personnes au total : Xue Zhiyun, plus un autre homme adulte sans grande présence. Il était impossible que Xue Zhiyun soit morte seule la nuit dernière — la question restait donc de savoir où étaient passés les deux autres corps.

« Ils sont peut-être en bas ? » marmonna Feng Yongle.

Lin Qiushi : C’est possible…

Les autres membres de l’équipe se rassemblèrent peu à peu. Trois personnes avaient disparu dans la nuit, et tout le monde était naturellement inquiet.

Mais la question la plus importante était de comprendre pourquoi cette chambre avait soudainement connu un incident.

« Où sont-ils allés hier dans la journée ? Se peut-il que les trois aient déclenché la condition de mort ? » murmurait-on dans le groupe. « Je crois les avoir vus entrer dans la salle où sont entreposés les cadavres. »

« Mais j’y suis entré aussi ! » dit quelqu’un d’une voix paniquée. « Pourquoi suis-je encore vivant alors… »

« Peut-être que le nombre de morts requis a déjà été atteint ? » répondit un homme d’âge moyen à l’air doux, nommé Cheng Dao. « Après tout, même si tout le monde remplit les conditions de mort, cela ne veut pas forcément dire que tous mourront la même nuit. »

Ces mots firent pâlir le visage de tous ceux qui étaient entrés dans la salle des cadavres la veille.

Mais en effet, les portes où les fantômes tuaient avaient toujours une limite de victimes ; sinon, il serait trop facile que tout le monde meure en une seule nuit.

« Avez-vous vu leurs corps ? » demanda Cheng Dao. « Moi, je n’ai vu que celui de la jeune femme. »

« Nous en avons trouvé un autre ici, » répondit quelqu’un. « L’homme qui était avec eux. »
Cet homme, tout comme Xue Zhiyun, avait été jeté du cinquième étage par l’infirmière. Mais comme il était tombé d’un autre côté du bâtiment, Lin Qiushi et les autres n’avaient pas vu son cadavre.

Lin Qiushi avait d’abord cru qu’il s’agissait de Jiang Yingrui, mais en voyant le corps, il constata que ce n’était pas lui.

« Et le troisième cadavre ? » demanda quelqu’un, de plus en plus inquiet.

Dans la situation d’hier soir, il aurait été presque impossible d’échapper à la mort — à moins que Jiang Yingrui n’ait eu une méthode spéciale. Lin Qiushi pensa soudain à ce papier porteur d’indices détaillés. Était-il possible que Jiang Yingrui aussi… ? Il fronça légèrement les sourcils.

Alors que tout le monde discutait, Jiang Yingrui apparut soudain à la porte, attirant aussitôt tous les regards.

« Qu’y a-t-il ? Que s’est-il passé ? » demanda-t-il d’une voix douce, un sourire légèrement faux sur le visage.

En le voyant, Lin Qiushi ouvrit légèrement les yeux de surprise — il ne s’attendait pas à ce que Jiang Yingrui réapparaisse soudainement !

« Pourquoi me regardez-vous tous comme ça ? » demanda Jiang Yingrui calmement.

« Tu… tu n’étais pas déjà… » Les autres n’en croyaient pas leurs yeux. Jiang Yingrui était censé être mort, alors pourquoi se tenait-il là, sain et sauf ?

« Oh, » dit Jiang Yingrui. « En fait, hier soir, j’ai eu une petite dispute avec eux, alors j’ai changé de chambre pour dormir ailleurs. Cela ne pose pas de problème, n’est-ce pas ? »

Le silence tomba.

Cette explication tenait la route, mais personne n’était convaincu.

Lin Qiushi n’y croyait pas non plus. En regardant l’attitude détendue de Jiang Yingrui, il eut l’intuition qu’il mentait.

Jiang Yingrui ne chercha pourtant pas à se justifier davantage. Son regard balaya la foule, puis il demanda : « Où est Ruan Baijie ? »

« Pourquoi la cherches tu? » répondit Feng Yongle, visiblement agacé.

« J’ai une affaire avec elle, bien sûr, » dit Jiang Yingrui avec un sourire. « Parce que je soupçonne que c’est Ruan Baijie qui a causé la mort de Xue Zhiyun et des autres. »

Lin Qiushi le regarda sans rien dire, impassible.

« Qu’est-ce que tu racontes, n’importe quoi ! » s’emporta Feng Yongle. « C’est toi qui voulais nous tuer ! Si on ne t’avait pas démasqué, on serait déjà morts depuis longtemps ! »

Jiang Yingrui ne répondit pas. Il se tourna vers la porte et prit la plaque du numéro de chambre.

« Alors ? » dit Feng Yongle avec un sourire ironique.

Jiang Yingrui examina la plaque dans sa main, mais ne dit finalement rien.

Lin Qiushi glissa une main dans sa poche et caressa lentement la plaque portant le numéro 502.

Pendant qu’ils parlaient, Ruan Nanzhu apparut à son tour dans l’encadrement de la porte. Les bras croisés, un sourire à peine esquissé sur les lèvres, il dit : « Tiens, de quoi parle-t-on ici ? »

Jiang Yingrui leva les yeux, croisa le regard de Ruan Nanzhu — leurs yeux se rencontrèrent, et l’air sembla crépiter d’une tension électrique.

« De rien, » dit Jiang Yingrui avec un léger sourire, avant de se détourner et de partir.

Ruan Nanzhu le suivit du regard, froidement.

Lin Qiushi s’approcha de lui et tira doucement sur sa manche. Ruan Nanzhu lui caressa la tête : « Sage. »

Lin Qiushi le regarda de côté, irrité, voulant lui dire d’arrêter de lui toucher la tête — ou plus précisément, les cheveux.

« Allons manger, » dit Ruan Nanzhu en s’étirant.

Tous trois se dirigèrent vers la cantine.

Profitant d’un moment opportun, Lin Qiushi glissa discrètement la plaque de chambre dans la main de Ruan Nanzhu. Celui-ci ne parut pas surpris et rangea naturellement la plaque dans sa poche.

« Tu deviens fort, dis donc, » remarqua Ruan Nanzhu avec un sourire amusé.

Lin Qiushi lui rendit un léger sourire sans répondre.

« À ce rythme, notre petit Qiuqiu deviendra encore plus fort — » Ruan Nanzhu allongea sa voix avec un ton taquin, « peut-être qu’un jour, c’est toi qui me protégeras. »

Lin Qiushi avait très envie de lui dire d’arrêter de jouer la comédie, mais il se retint. Il commençait à fortement soupçonner que si Ruan Nanzhu tenait tant à ce qu’il reste muet, c’était pour pouvoir en profiter librement.

Feng Yongle, quant à lui, fut touché par leur complicité et s’exclama : « Vous avez vraiment une belle relation, vous deux. Vous êtes comme ça aussi dans la vraie vie ? »

« Bien sûr, » répondit Ruan Nanzhu avec un sourire éclatant. « Qiuqiu et moi dormons dans le même lit tous les jours. »

Feng Yongle imagina la scène, toussa légèrement, et son expression devint un peu étrange sans qu’il sache trop pourquoi.

Lin Qiushi, pour sa part, ne voyait pas ce que Feng Yongle avait en tête. Il se remit à réfléchir à l’affaire de Jiang Yingrui. Son instinct lui disait qu’hier soir, Jiang Yingrui se trouvait bel et bien dans leur chambre d’origine. Cependant, il ignorait par quel moyen il avait réussi à échapper à cette scène d’horreur.

Mais pour le moment, Lin Qiushi ne trouvait aucun indice concret.

« Assez, cesse d’y penser, » dit Ruan Nanzhu, qui avait compris ce qui troublait Lin Qiushi. «Commence par remplir ton estomac, ensuite tu penseras au reste. »

Lin Qiushi hocha la tête, prit un mantou (NT : petit pain à la vapeur chinois) et le mit dans sa bouche.

Ruan Nanzhu le regardait avec un sourire plein de malice.

Sous son regard, Lin Qiushi eut la chair de poule et tapa sur son téléphone : Pourquoi me regardes-tu ?

Ruan Nanzhu : « Rien. » Sa voix était lente et posée. « C’est juste que je trouve que, aujourd’hui, tu es particulièrement adorable. »

Lin Qiushi frissonna et soupçonna fortement que Ruan Nanzhu avait pris un médicament de travers.

« Bon, je plaisantais, » dit Ruan Nanzhu en s’appuyant le menton sur la main, puis il bâilla. «Concernant ce médecin, vous avez une idée ? »

Lin Qiushi et Feng Yongle secouèrent la tête, indiquant qu’ils n’en avaient aucune.

« Moi, j’ai une hypothèse, » dit Ruan Nanzhu. « Dites-moi, pourquoi pensez-vous que cette infirmière ne trouve jamais le médecin qu’elle cherche ? »

Feng Yongle demanda d’un ton hébété : « Pourquoi ? »

Ruan Nanzhu répondit : « Vous n’avez jamais envisagé que peut-être le médecin n’appartenait pas du tout à l’hôpital psychiatrique ? »

À ces mots, Lin Qiushi resta stupéfait.

 

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L’auteur a quelque chose à dire :


Ruan Nanzhu : « L’enfant a enfin grandi… »
Lin Qiushi : « Oui, tu veux dire qu’il peut enfin nettoyer après toi ? »
Ruan Nanzhu : « Non, je veux dire que je peux enfin le nettoyer et le manger… »
Lin Qiushi : « ????? »



 

Traducteur: Darkia1030