HSAV - Chapitre 189 - Tu étais capable de violence domestique, alors pourquoi n'es-tu pas capable d'ouvrir la porte ?

 

Après avoir trouvé la zone interdite, Xiao YuAn resta immobile pendant un long moment, incapable de prononcer le moindre mot.

La zone interdite se situait sur la colline où s’élevait l’Autel du Ciel. L’endroit avait été rénové, et une petite maison y avait été construite, entourée d’une cour close d’une simple palissade. On y avait planté des mûriers et du chanvre. Il y avait aussi un petit étang, où poussaient autrefois des lotus dont les feuilles s’étaient fanées sous le froid de l’hiver. En été, ce devait être une scène d’un bleu profond, calme et sereine, avec de petits poissons remuant la tête et la queue sous les feuilles flottantes.

Cette petite maison était exactement à l’image de celle où Xiao YuAn avait vécu dans le village de Taoyuan.

Tian Xiang chuchota : « Par crainte de troubler la paix de cet endroit, Sa Majesté a ordonné aux gardes impériaux de patrouiller à proximité, mais ils n’ont pas le droit d’approcher davantage. »

Xiao YuAn émit un léger son d’acquiescement, mais, sentant sa voix se briser, il baissa vite la tête pour calmer les battements désordonnés de son cœur. Puis il s’avança et poussa la porte de la maison.

Tian Xiang le retint aussitôt par la manche : « Prince Xiao Jun ! Personne ne peut entrer ici, sauf Sa Majesté ! Nous ferions mieux de ne pas entrer. Jetons simplement un coup d’œil de l’extérieur. Si Sa Majesté l’apprend, nous serons condamnés à mort ! »

Xiao YuAn tapota la main de Tian Xiang pour la rassurer : « Tout va bien, Tian Xiang, fais-moi confiance. Si tu ne veux pas entrer, attends-moi dehors. Moi, je veux juste jeter un œil. »

Tian Xiang ne tenta plus de l’arrêter ; elle le regarda seulement pousser la porte et disparaître à l’intérieur de la pièce, tordant nerveusement ses manches d’inquiétude.

Le mobilier à l’intérieur de la maison était, en effet, exactement le même que celui de la chambre d’aile du manoir où Xiao YuAn vivait dans le village de Taoyuan. La seule différence, c’était la tombe dressée au centre de la pièce. Devant la tombe, se trouvaient des offrandes : des pièces de cuivre, du papier-monnaie et un petit brûleur d’encens. Trois bâtons d’encens y brûlaient encore, leur parfum si pur et si léger qu’il semblait irréel, presque onirique.

Lorsqu’il s’approcha, Xiao YuAn aperçut une flûte de jade suspendue à la pierre tombale — la même qu’il avait offerte à Yan HeQing. Et sur la pierre, gravés côte à côte, se trouvaient les noms de Xiao YuAn et Yan HeQing.

Ce fut comme si un coup invisible l’avait frappé en pleine poitrine, étouffant sa respiration. Les yeux rougis, Xiao YuAn s’accroupit devant la pierre tombale. De ses doigts tremblants, il traça encore et encore le nom de Yan HeQing, en murmurant : « Je suis désolé… Je t’ai encore fait attendre… »

Il lui fallut longtemps pour apaiser l’émotion qui l’étouffait. En se redressant, il murmura faiblement : « Comment cela peut-il être considéré comme ma tombe ? Cet enterrement… ne compte pas vraiment comme le mien, n’est-ce pas ? »

Il marmonna ainsi pendant un moment, jusqu’à ce que ses yeux se posent sur la flûte de jade. Le pompon rouge, jadis éclatant, avait viré au rouge sombre du temps. Xiao YuAn tendit la main, caressa doucement l’instrument du bout des doigts, son cœur empli d’une nostalgie douloureuse.

La flûte de jade était la seule relique présente dans la pièce — la seule chose qu’il avait laissée à Yan HeQing. Soudain, la scène de Yan HeQing lui apprenant à en jouer lui revint en mémoire, et une émotion profonde l’envahit. Il porta la flûte à ses lèvres, prêt à souffler la première note.

Mais, soudain, un rugissement furieux retentit derrière lui : « Pose ça immédiatement !! »

Xiao YuAn sursauta violemment. Pris de panique, il lâcha la flûte, qui tomba lourdement au sol.

Un son clair et tranchant résonna. La flûte de jade se brisa en deux, roulant plusieurs fois sur le sol avant de s’immobiliser, misérable et silencieuse.

Pendant un instant, le monde entier sembla se figer.

Les yeux de Yan HeQing, emplis d’incrédulité, restèrent fixés sur les deux morceaux épars de la flûte. Il s’avança, se pencha et tenta frénétiquement de les assembler. Mais, quoi qu’il fît, les deux parties, à peine rapprochées, se séparèrent de nouveau avec un bruit désespéré.

Les mains de Yan HeQing tremblèrent légèrement.

(NT : En chinois, la flûte de jade brisée est un symbole poétique de l’amour détruit ou de la séparation irréversible — “玉笛断” [yù dí duàn] —, littéralement “la flûte de jade se rompt”, image classique du lien brisé entre deux âmes.)

Il avait cherché dans tout le pays, sous le vaste ciel, sans jamais trouver la moindre trace de cet homme. Il ne savait pas ce qui avait conduit cette personne jusqu’à lui, pas plus qu’il ne comprenait ce qui l’en avait éloignée. Jour après jour, Yan HeQing se blâmait, se demandant sans répit : « Pourquoi ai-je été incapable de protéger Xiao YuAn, cette fois-là ? »
Et chaque nuit, il s’interrogeait encore : « Pourquoi Xiao YuAn s’est-il suicidé ? »

Il était rongé jour et nuit par ce tourment sans fin, incapable d’obtenir la moindre réponse.

Même à présent, les choses que cet homme avait laissées derrière lui se brisaient si facilement. Yan HeQing ne parvenait même pas à protéger une simple flûte de jade. Il ne pouvait même pas préserver une si petite chose convenablement !

Xiao YuAn demeura figé, mais il réagit aussitôt. Il s’avança, s’accroupit devant Yan HeQing — qui essayait encore désespérément de rassembler les morceaux de la flûte — et lui saisit le poignet. Puis il parla d’une voix rapide et assurée : « Yan HeQing, regarde-moi, je suis… »

Cependant, avant qu’il ne pût achever sa phrase, Yan HeQing leva brusquement les yeux, injectés de sang, agrippa sa gorge et le projeta violemment contre le mur.

 

Traducteur: Darkia1030

 

 

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