Python - Chapitre 5

 

Ce jour-là, le shou quitta le bureau avant neuf heures, l’humeur morose. Il décida d’aller manger un bol de luosifen (NT : nouilles épicées aux escargots) près de son entreprise avant de rentrer. Mais à peine sortit-il du bâtiment qu’il tomba sur la source même de son agacement.

Le gong, vêtu d’une tenue décontractée, était nonchalamment adossé à la portière d’un Range Rover, une cigarette à la main, fixant avec désinvolture l’entrée de l’immeuble de bureaux. À cette heure, beaucoup de gens finissaient leur journée, mais les pauvres programmeurs comme lui ne pouvaient généralement pas se permettre une voiture pareille, ce qui rendait le gong et son véhicule particulièrement voyants.

Encore plus ostentatoire, ce dernier, comme s’il ne se sentait pas assez visible, éteignit sa cigarette dès qu’il aperçut le shou et l’interpella bruyamment : « Cheng Xu ! »

Le shou, qui comptait se faufiler le long du mur pour s’échapper, sentit son âme quitter son corps en entendant son nom crié ainsi.

Il sentit les regards de plusieurs collègues se poser sur lui. Craignant que le gong ne fasse un scandale, il n’eut d’autre choix que de se précipiter vers la voiture et de s’y engouffrer.

Le gong sourit, satisfait, et monta à son tour.

« Qu’est-ce que tu fais ici ? » demanda le shou, le visage ferme.

« Je viens voir l’environnement de travail de notre fournisseur potentiel. »

Le shou grogna, froid : « Ne compte pas utiliser le travail pour me faire chanter. Je n’accepterai jamais ce genre de transaction py ! » (NT : py pour pàoyou, signifiant partenaire sexuel occasionnel en slang chinois)

Le gong haussa un sourcil : « Pourquoi ? »

« Parce que tes compétences au lit sont trop mauvaises. »

Le shou se félicita intérieurement de sa réplique cinglante. Il s’attendait à ce que le gong, vexé, batte en retraite.

Le gong éclata de rire, « pfft », ce qui prit le shou totalement au dépourvu. Rien ne se passait comme il l’avait imaginé.

Le gong se rapprocha du shou et écarta délicatement une mèche de cheveux sur sa tempe. Sa voix, grave et envoûtante, murmura : « Alors, tu me donnes une autre chance pour que je te prouve le contraire ? »

Ils étaient si proches que le shou perçut une légère fragrance de parfum. Sans comprendre pourquoi, son esprit se troubla, comme ce soir-là, au bar.

« J… je dois travailler demain », balbutia-t-il, manquant d’assurance.

« Pas de problème, je ne te fatiguerai pas. Ce soir, tu n’auras qu’à te laisser aller. »

Le shou eut l’impression d’être ensorcelé. Bien que son cœur refusât, son corps, lui, ne semblait pas vouloir obéir. Dans un état second, il se laissa entraîner chez cette personne et ils passèrent la nuit à s’ébattre dans le lit.

La dernière fois, dans la voiture, l’éclairage était trop faible pour qu’il distingue clairement les détails. Mais cette fois, il put voir la ligne de muscles en forme de V du gong, plongeant dans une toison dense, ainsi que son membre, d’une taille bien plus impressionnante qu’il ne l’avait imaginé.

Alors que le gong poussait le shou, ramolli de plaisir, vers l’orgasme, il chuchota à son oreille : « Dès la première fois que je t’ai vu, j’ai eu envie de te baiser. »

Le shou frissonna et éjacula.

 

Le lendemain, en se rendant au travail, ses jambes tremblaient encore. Le responsable développement lui demanda ce qui n’allait pas. Cheng Xu répondit qu’il avait trop forcé en faisant du sport la veille et s’était blessé aux muscles.

Le responsable développement jeta un œil à ses bras et ses jambes fins et n’osa rien dire.

Le shou s’assit prudemment sur sa chaise, un coussin sous les fesses, les dents serrées de rage. Il se remémora l’air frais et dispos du gong ce matin-là en partant, et commença à regretter d’avoir cédé à sa proposition de relation sexuelle sous le coup de l’impulsivité.

Il était convaincu qu’un employé modèle comme lui, qui endurait tant de choses pour le projet, méritait une promotion et une augmentation.

À peine assis, une notification WeChat s’afficha sur son écran. C’était un message du gong : « Tu viens chez moi après le travail ? »

Le shou avait enregistré le gong sous le nom « transaction py ». La collègue assise à côté, une testeuse de logiciels, jeta un coup d’œil par inadvertance et demanda, curieuse, ce que signifiait « transaction py».

Le shou répondit sans hésiter : « Un vendeur de cours de Python. » (NT : langage de programmation)

La collègue hocha la tête, comme si tout était clair.

Le shou ouvrit la conversation et tapa furieusement : « Est-ce que ça va être comme ça tous les jours ?»

Le gong répondit : « Ton entreprise est trop excentrée, faire l’aller-retour tous les jours serait trop fatigant. On fera comme ça : lundi, mercredi, vendredi chez moi, mardi, jeudi, samedi chez toi. »

« Et dimanche ? »

« Dimanche,on fait une pause. »

Le shou trouva cet arrangement acceptable. Au moins, le gong tenait compte de ses difficultés de transport, ce qui était déjà mieux que son précédent petit ami chair à cannon.

Le shou demanda encore : « Alors, pour le projet, tu ne vas plus nous mettre des bâtons dans les roues?»

Le gong répondit : « Sois tranquille, le contrat a déjà été envoyé. »

Le shou poussa un soupir de soulagement. Cette « transaction py » était plutôt efficace.

 

À midi, alors qu’il déjeunait avec le responsable développement, le shou décida de se mettre en valeur et demanda, avec tact : « Le projet de l’entreprise XX s’est bien passé pour l’appel d’offres ? »

Le responsable développement se frappa le front lisse et s’exclama : « Ah, j’ai oublié de te le dire ! En fait, le contrat a été signé dès ta première présentation. La deuxième fois, ce n’était qu’une formalité. »

Le shou : « ?? »

 

Traduction: Darkia1030

 

 

 

 

 

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