Python - Chapitre 9
Le shou travailla une semaine chez le client. À part une charge de travail intense, tout le reste était très bien : l’environnement de bureau était agréable et ses collègues étaient particulièrement polis.
Surtout l’assistante du directeur, qui lui souriait toujours avec bienveillance, ce qui le mettait mal à l’aise.
Le week-end, le shou retourna brièvement dans son appartement loué pour y prendre quelques affaires personnelles et vêtements, qu’il transporta chez le gong. Il ne déménagea pas ses manteaux, car le gong avait promis de l’emmener au centre commercial pour en acheter de nouveaux.
Le shou le suivit docilement dans le magasin, laissant le gong choisir pour lui. Il faisait confiance au sens esthétique du gong et avait l’impression que ses nouveaux vêtements rehaussaient son allure, rendant même ses fesses plus fermes et rebondies.
En une après-midi, il dépensa la majeure partie de son salaire du mois en vêtements. Bien que cela lui fasse mal au cœur, il utilisa l’argent restant pour acheter discrètement une cravate pour le gong.
Il se disait que, puisqu’il profitait de son hospitalité et de ses repas, il devait au moins payer un loyer symbolique.
Il choisit une cravate rouge à carreaux, espérant que le gong l’aimerait.
Le gong fut effectivement ravi du cadeau. Ce soir-là, ils menèrent une série de tests intenses pour vérifier la solidité de la cravate.
Le lendemain, le gong entra au bureau avec la cravate rouge. Un collègue programmeur ne put s’empêcher de commenter : « Ce type est vraiment trop beau, même avec une cravate aussi démodée, il a l’air d’un mannequin sur un podium. »
Le shou baissa la tête et massa son poignet rouge et gonflé, préférant ne pas faire de commentaire.
Au début, le shou refusait intérieurement l’idée de vivre avec le gong. Après tout, même lorsqu’il avait une relation sérieuse par le passé, il n’avait jamais cohabité. Alors, vivre avec un partenaire sexuel qu’il connaissait depuis moins d’un mois, c’était quoi cette histoire ?
Mais après un certain temps de vie commune, il découvrit que cela avait de nombreux avantages : il avait un chauffeur personnel pour aller travailler, quelqu’un pour cuisiner à son retour, et avant de dormir, il pouvait profiter d’une séance de "sport" sans abonnement…
Alors que ses autres collègues chez le client étaient épuisés et se plaignaient amèrement, le shou menait une petite vie de plus en plus agréable.
Ce jour-là, après avoir travaillé jusqu’à 21 heures, il ramena deux grands bols de luosifen pour se récompenser, lui et son "petit ami", mais en rentrant, il constata que la maison était vide.
Il se souvenait que le gong était parti à l’heure à la fin de son travail. Inquiet qu’il lui soit arrivé quelque chose en chemin, il l’appela.
Le gong décrocha, et une musique assourdissante résonna à l’autre bout du fil.
Le shou éloigna un peu le téléphone de son oreille et demanda : « Où es-tu ? »
« Je bois un verre avec quelques amis. Si tu es fatigué, dors sans m’attendre. » Sur ces mots, il raccrocha.
Le shou resta un moment avec le téléphone à la main, abasourdi.
Il se souvint soudain de la première fois qu’il avait rencontré le gong dans un bar, vêtu de manière désordonnée et draguant n’importe qui.
Il se sentit stupide. Avec le temps, il avait presque oublié quel genre de personne c’était vraiment, le prenant presque pour un homme de foyer modèle.
Le gong rentra avant minuit. Le shou n’était pas encore endormi et était assis bien droit devant son ordinateur, perdu dans ses pensées.
Le gong s’approcha de lui comme s’il taquinait un chat, lui frotta le menton et demanda : «Tu m’attendais ? »
Le shou le fusilla du regard, sans dire un mot.
Le gong ne remarqua pas son humeur étrange et, tout en changeant de vêtements, expliqua de lui-même : « Aujourd’hui, un ami qui s’est cassé la jambe et vient d’enlever son plâtre a tenu à ce qu’on aille fêter ça avec un groupe de gens. J’ai oublié de te prévenir à l’avance. »
Le shou trouva cette excuse trop stupide pour être vraie et n’était pas disposé à la croire.
Voyant que le shou restait de marbre sans rien dire, le gong prit conscience qu’il y avait un problème.
Il releva légèrement les coins de sa bouche et demanda : « Tu crois que je suis allé voir quelqu’un d’autre ? »
Le shou, soucieux de sauver la face, répondit froidement : « Si c’est le cas, tant pis. On n’est que des partenaires sexuels, on ne se mêle pas des affaires de l’autre. »
Le sourire du gong s’élargit : « Je ne vais pas voir d’autres personnes. Maintenant que je t’ai, pourquoi irais-je en chercher d’autres ? »
Le shou sursauta, son cœur se mit à battre la chamade.
Il se répétait intérieurement que les paroles des hommes étaient trompeuses, tout en ne pouvant s’empêcher de suivre chaque mouvement du gong des yeux.
Le gong avait déjà enlevé son haut, révélant un torse parfait. Il s’approcha du shou avec une attitude provocante et demanda : « Mon chéri a l’air de mauvaise humeur ce soir. Serait-il fâché ? »
Le shou ne pouvait résister à une telle tentation charnelle. Il en perdit même l’usage de la parole et tenta de se défendre maladroitement : « Non… c’est juste que j’ai trop mangé de luosifen. »
Le gong hocha la tête en signe de compréhension et demanda avec sollicitude : « Alors, est-ce qu’un peu d’exercice t’aiderait à digérer ? »
Le shou hocha la tête avec retenue et répondit : « D’accord. »
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Note de l’auteur :
Pour l’histoire de l’ami qui s’est cassé la jambe, voir « Ton mari s’est cassé la jambe ». (NT : ‘Your Husband’s leg is broken’, autre livre du même auteur)
Traduction: Darkia1030
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